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Nous décrivons ici l’établissement d’une liaison IP depuis un système Linux àtravers le réseau Orange en France métropolitaine. Certains détails changent non pas du fait du type modem, mais de l’opérateur choisi et du lieu d’exploitation.

Le système Linux est un Damn Small Linux implanté sur une carte Soekris comme décrit dans Damn Small Linux sur Soekris 4801. L’aspect minimaliste des outils disponibles dans cette configuration accroît l’intérêt pédagogique de la démonstration.

Le modem Fastrack M1306B de Wavecom est maintenant référencé parmi les produits obsolètes du constructeur, mais rien dans la procédure de connexion n’est réellement dépendant du type de modem. Ce qui est en revanche primordial, c’est qu’il s’agit d’un modem externe connecté au système Linux par un port série. La procédure pour un modem intégré dans une carte PCMCIA se révèle parfois beaucoup plus lourde car elle peut nécessiter l’installation de pilotes supplémentaires correspondant àcette carte, ainsi que l’empilage de liaisons au niveau du script de connexion (d’abord la carte PCMCIA puis le modem lui-même).

Le gros du travail a consisté àécumer les forums du Web en faisant une recherche non sur le type de modem, mais bien sur l’opérateur. En l’occurence, j’ai trouvé mon bonheur en demandant àGoogle : ppp fichier chat orange et c’est peut-être le point clef de cet article s’il doit servir àmettre en place une connexion sur un autre réseau GPRS.

La carte SIM que j’ai mise dans le modem provenait d’une carte PCMCIA Business Everywhere G+/G/EDGE/GPRS fournie bien entendu avec tout ce qu’il faut pour Windows mais rien du tout pour Linux.

La première étape consiste àconnecter le modem sur le port série (port série ttyS1 sur la Soekris pour un problème évoqué ailleurs) et àutiliser un hyperterminal pour vérifier qu’on sait parler avec lui. Sur DSL, nous lançons microcom [1] :

Cela nous permet de déverrouiller le code PIN. On commence par vérifier la force du signal reçu (Carrier Signal Quality). Wavecom indique qu’une valeur entre 0 et 10 aurait été insuffisante. Ici nous avons une valeur suffisante de 12 alors que nous utilisons une antenne quart d’onde même pas montée sur un plan métallique. On notera la différence de réponse àla question sur le code PIN selon que ce dernier a déjàété entré ou non. On termine en demandant si la carte SIM a été reconnue (« registrered ») par le réseau de l’opérateur. Une réponse +CREG: 0,0 serait négative [2].

Ensuite nous allons créer un fichier de configuration ppp assez standard. Sous les distributions classiques il se trouve dans /etc/ppp . Pour des question de persistence, tout le répertoire ppp a été placé sous /opt sur notre pc embarqué.

L’option àne pas louper est noipdefault (associée àusepeerdns) , qui dit àppp de ne pas choisir lui-même son adresse IP mais de prendre la configuration réseau que son correspondant lui attribuera.

Sinon on retrouve les options classiques d’un fichier ppp et le plus simple lors de sa création est de recopier celui trouvé dans sa distribution pour le modifier juste ce qu’il faut. On reconnaît au début la configuration de la ligne série. L’option noauth évite des soucis supplémentaires d’authentification entre les deux acteurs de la liaison ppp et l’option debug permet d’avoir quelques pistes dans les logs du système en cas de problème.

Chez Orange, tous les forums indiquent que l’utilisateur doit être orange avec le mot de passe orange. On donne donc ce nom d’utilisateur dans le fichier de configuration ppp, et on l’associe àson mot de passe dans les deux fichiers d’authentification potentiellement utilisés lors de l’établissement de la liaison.

La dernière ligne de chaque fichier ne sert pas dans le cas présent : c’est celle qui autorise les connexions ppp entrantes lorsque ma Soekris répond au téléphone. Mais si je l’avais cachée dans cet article, certains se seraient demandés pourquoi le système m’avertissait que j’ouvrais les accès au monde entier (cf : le log de connexion donné plus loin).

Les différentes options ipcp, lcp et no-quelquechose peuvent ne pas être nécessaires selon la façon dont l’opérateur gère la connexion. J’ai pris tout ce que j’ai trouvé sur les forums et j’ai retiré les options que ma version ancienne de ppp (puisque DSL est basé sur une distribution Debian old-stable pour en garantir la robustesse) ne reconnaissait pas.

Enfin nous arrivons au fichier chat (« bavarder ») qui constitue le point sensible de l’opération. Je vais prendre le temps d’expliquer ce qui s’y passe car c’est làqu’il faut savoir adapter les paramètres au réseau sur lequel on se connecte. Certains éléments ne peuvent d’ailleurs pas s’inventer et, comme le support technique des opérateurs ne s’intéresse souvent pas àLinux, Google reste ici notre seul ami.

Il s’agit de prévoir tout le dialogue entre le pc et le modem. Si ça ne marche pas du premier coup, une façon de chercher ce qui ne va pas consiste àle faire àla main sous un hyperterminal. Après les différents messages d’erreur que le modem peut émettre pendant son essai de connexion vers le monde extérieur, on trouve le dialogue lui-même dans l’ordre des répliques :

Dès qu’on a la communication sur la ligne série (donc une chaîne vide : le modem ne dit rien), on lui dit ATZ qui va lui permettre de se régler sur la vitesse de la ligne série. Lorsqu’il l’a fait, il répond OK et nous lui renvoyons alors ATM0. Je ne suis pas sà»r de savoir àquoi sert de lui dire de ne jamais activer son haut-parleur (commande Hayes M0) mais je ne vais changer un texte qui a fait ses preuves. Il va encore nous répondre OK et làse place une commande clef que j’ai dà» tester àla main pour qu’elle passe.

Celle que j’avais initialement trouvée était AT+CGDCONT=2,"IP","orange.fr" suivie de ATD*99***2# . Le numéro, initialement 2 que j’ai transformé en 1 (sur les deux commandes !), est le CID (Context ID) qui identifie le type de données GPRS qui va circuler (WAP, MMS, etc.). A ce CID on commence par associer un profil en indiquant que ce sera de l’IP et que le point d’accès (APN) sera « internet-entreprise ». Ensuite on lance la numérotation (commande ATD) en précisant le CID en fin de numéro. Le numéro appelé a toujours une drôle de tête lorsqu’on n’est plus sur les lignes téléphoniques traditionnelles. J’ai trouvé le bon CID en les essayant jusqu’àce que le modem me réponde OK au lieu de ERROR.
J’ai eu plus de mal àm’apercevoir que le nom du point d’accès était mauvais. La solution a été de vérifier les paramètres de la communication sur un ordinateur portable sous Windows sur lequel j’ai installé la carte fournie par l’opérateur àl’aide de son logiciel. L’application Business Everywhere donne cette indication dans les propriétés de la connexion.

On peut maintenant lancer la laison ppp et vérifier le log :

On voit bien le dialogue qui aboutit àune connexion. En l’absence de message d’erreur on peut vérifier l’existence de la nouvelle connexion (en plus de mes trois liaisons Ethernet - excusez du peu - et de la boucle interne) :

La liaison sera coupée par un simple kill -9 sur le PID du processus pppd qu’on trouvera par une commande ps.

Malheureusement, il reste encore deux détails qui posent problème dans ma configuration :

D’abord, les DNS qu’on a vu signalés dans le log n’ont pas été pris en compte par DSL, car le fichier /etc/resolv.conf n’a pas changé, en dépit de l’option usepeerdns de la commande pppd. Je dois donc le changer àla main.

Ensuite, la route par defaut n’a pas non plus été modifiée du fait de la complexité de ma configuration réseau (je pense qu’une carte àune seule interface Ethernet - avec une IP fixe - connectée uniquement au récepteur n’aurait pas posé de problème àce niveau). Làje donne les deux commandes àpasser car, même si tout le monde les connaît en gros, je perds souvent du temps àen retrouver la syntaxe exacte :

Il y a bien sà»r moyen de vérifier ce qu’on vient de faire :

La passerelle par défaut correspond àla destination 0.0.0.0 (tous les réseaux).

Et enfin un ping ou un wget passe !